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L'Equipage : Arnaud, David, Joel / Hugo et Anne dans leur carré

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Les dernières nouvelles ....

13-Juillet-2002 : Equinandra aux Açores

Famille, Amis,

Voici succintement, ce qu'auront été Les Açores pour nous.

Dans notre précédent mail , nous vous avions déjà un peu raconté FLORES. C'est une île verdoyante à la nature généreuse qui se situe un peu à l'écart de l'archipel, et qui renferme dans ses cratères sept lacs. Des fleurs jaunes forment des parterres au dessus des falaises. Elle serait la plus fleurie des îles de l'archipel. Le village de Lajes est très paisible et sa population est particulièrement accueillante. Nous vous en parlions déjà dans notre précédent mail. Laverie gratuite, Internet gratuit ! C'est suffisamment rare pour être signalé deux fois ! Flores, c'est donc aussi les retrouvailles d'un grand nombre de bateaux, avec lesquels les relations sont des plus conviviales après une transatlantique. Certes, les navigateurs ont les traits tirés et les visages tannés par le soleil et l'iode, mais ils ont aussi aux lèvres ce sourire sastisfait et pourtant discret d'avoir bouclé leur tour de l'Atlantique.

Les transats sont différentes à chacun et à chaque fois. Tout dépend des conditions météo rencontrées et des soucis techniques aussi rencontrés ou non. Peu après notre arrivée à Flores, une violente dépression nous a coincés une semaine sur place et enfermés dans nos bateaux. Le temps pluvieux, brumeux et froid n'a même pas permis que nous visitions l'île, qui pourtant est un beau jardin botanique, paraît-il . Tant pis, le temps a été occupé à se reposer et nous en avions alors bien besoin.

Le Dimanche 16 Juin, nous avons parcouru les 135 miles qui nous séparaient de Horta, capitale de l'île de FAIAL, dans une mer encore assez forte et peu agréable, mais supportable pour 24 heures. L'île verdoyante est riche de paysages de bocages. On dit que Horta doit son nom aux hortensias bleus qui fleurissent la ville en Juin, mais il semble qu'en fait elle le doive à un colon flamand, qui devint le premier seigneur de l'île. Le tour de l'île en voiture permet de découvrir en effet de magnifiques haies d'hortensias qui séparent les pâturages et un bocage unique On retrouve des forêts aux douces senteurs, qui rappellent nos forêts. Mais un étrange spectacle est donné à voir aux visiteurs sur cette île : c'est l'endroit dévasté en 1957 par des tremblements de terre et une très importante éruption volcanique sous marine, qui au large de la pointe Ouest de Faial, à la Ponta dos Capelinhos, fît apparaître une nouvelle île de plus de 100 mètres de haut. Cendres noires, pierres ponces projetées et coulées de lave ensevelirent de nombreuses maisons, dont on aperçoit encore les toîtures à moitié englouties. De très belles et récentes falaises, battues par les vagues, surplombent ce drame et ses vestiges. Le volcan central, qui domine toute l' île de Faial forme un cratère d'environ 2 km de diamètre et 400 m de profondeur, auquel on peut accéder par la route. Beau spectacle en vérité. Sinon, combien de marins du monde entier, illustres et anonymes, sont-ils passés par Horta et le bar de Peter Azevedo ? Nombre de navigateurs ont laissé et laissent toujours la trace de leur passage sur les murs ou sols de la jetée, bariolés de dessins multicolores. Du port mythique, on aperçoit le mont de l'île de PICO, plus haut sommet des Açores et du Portugal à 2531 m. L'île de Pico, qui doit son nom à son volcan est surnommée l' île noire en raison de la lave, l'ayant recouverte au cours des successives explosions volcaniques, et ayant laissé des étendues noires commençant à peine à être parsemées de végétation.

Nous avons été mouillés dans le port de Madalena et avons arpenté en autobus l'île de Pico, qui offre des paysages pittoresques avec ses murets en pierre de lave, abritant des vignes ou petites cultures. Ici comme aux Canaries, les hommes ont su faire pousser des ceps de vigne sur un sol de lave solidifiée. Ils produisent le "verdelho", un vin blanc très apprécié. Pico, c'est aussi l'ancien domaine des chasseurs de baleines. Les cétacés sont aujourd'hui préservés et on peut les observer, à défaut de les harponner ! Toute une journée, nous sommes partis en bateau sur leurs traces, les pistant au Sud de Pico, mais aucune baleine ne s'est alors offerte à notre vue. Par-contre, une multitude de dauphins a accompagné notre excursion, sautant gaiement devant l'étrave. Les neuf îles des Açores, que nous n'aurons pas toutes vues, ont manifestement en commun des verts luxuriants sur fond bleu d'océan, des fleurs en pagaille, des histoires volcaniques chargées, un climat tempéré toute l'année. Néanmoins, après un passage sous les tropiques, Les Açores nous ont surpris par la fraîcheur du mois de Juin, que nous imaginions moins contrasté avec les latitudes délaissées.

L'île de TERCEIRA (dite l'île culturelle des Açores), que nous avons rejointe après PICO, renferme une très belle ville à Angra Do Heroismo (ancrage de l'héroisme!), avec ses églises, sa cathédrale, son château fort " le Sao Joao Baptista ", édifié contre les corsaires et leurs nombreux actes de piratage. Des fortifications surplombent les hauteurs de la ville, qui est classée au Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. Le nom épique de la ville signale une victoire mémorable remportée contre l'envahisseur espagnol. C'est en effet, un troupeau de mille vaches lancées sur les agresseurs, qui permit la victoire. Depuis, chaque année, les courses de vachettes ( tourada da corda ) célèbrent traditionnellement la défaite de l' Espagne. Quand nous sommes arrivés en vue de l'île, aux environs de minuit, la fête battait justement son plein et nous pouvions observer, au-dessus du sommet du Monte Brasil, un grand feu d'artifice avec son bouquet final. Le lendemain, dans les rues, de très beaux chars étaient démontés. La fête devait être belle. Nous sommes arrivés un peu tard pour profiter de l'ampleur du spectacle. En définitive, nous aurons peu exploré TEIRCEIRA, étant assez vite préoccupés de préparer notre départ pour la France.

Entre un bel anticyclone semblant annoncer une météo favorable, le désir de Joël de retrouver sa famille à Lorient, et pour finir, la nécessité d'aller régler encore un problème survenu sur l'inverseur neuf du moteur à La Trinité sur Mer, nous avons donc quitté Les Açores un peu plus tôt que prévu, soit l'après-midi du Jeudi 4 Juillet. Nous avons commencé par faire route avec Manga Sambo, dont l'équipage était pour sa part, attendu à La Rochelle. Avec nos amis, nous verrons enfin ces baleines tant désirées. Des baleines bleues, que nous pensions d'abord avoir vues, nous réaliserons ensuite, qu'il s'agissait en fait de rorquals. Les souffles sont puissants. Les cétacés atteignent environ 18 mètres et nous naviguons si près d'eux, que l'un d'entre-eux passera entre les deux bateaux, à une dizaine de mètres. Nous nous sentons observer par l'imposant mammifère. Ceux-là évoluaient en bande nombreuse. Plus tard, Equinandra croisera la route d'un cachalot isolé, paisible et concentré sur sa progression. Les dauphins fidèles accompagnent aussi toujours notre route. Finalement, l'anticyclone s'effaçant, une dépression pas trop méchante nous a rattrappés, entre 35 à 45 noeuds de vent sous rafales, dans une mer à peine forte. Arnaud et David assurent toujours magistralement leurs six heures de quart. La dépression ne durera pas et laissera la place à du vent suffisant pour faire bonne route.

Nous arriverons à La Trinité sur Mer le matin du Dimanche 14 Juillet, ce qui convient à nos garçons "friands" de pétards ! Ils méritent quelques récompenses, car ils se sont toujours montrés à la hauteur des évènements et nous sommes assez fiers d'eux. Pour conclure l'année, Arnaud passe en Seconde, et David en Quatrième, tous deux avec des résultats satisfaisants. Ils sont heureux à la perspective de retrouver une classe l'année prochaine. Ils trouvent que l'apprentissage scolaire au Cned, en solo, sans vis à vis avec leurs pairs, est inhumain. David regrette de n'avoir pu faire fonctionner son excellente mémoire auditive, qui lui épargne en général pas mal de travail. Hugo, quant à lui, n'est pas pressé de parler. C'est normal dans un environnement familial, qui anticipe toutes ses demandes, avant qu'il n'ait le temps de les formuler ! Le retour au bercail est vraiment proche maintenant.

Après La Trinité sur Mer, nous rallierons Lorient et ensuite Saint-Valéry-en-Caux pour le Dimanche 4 Août aux alentours de 10 heures. Nous sommes heureux d'avoir partagé avec notre famille et nos amis ce beau voyage. Nous aurons le loisir d'en reparler, avec vous tous, un jour ou l'autre. Pour l'heure, il nous faut boucler notre voyage et prendre ensuite le temps de le digérer. Nous avons été très heureux de certaines rencontres au cours de cette année, qui nous a apporté de nouveaux amis. Merci à Marylène de ses bonnes nouvelles, un signe amical à Pricyla et Serge que nous n'oublions pas, nos encouragements à Sophie et Patrice de retour de Nouvelle Calédonie après 4 ans d'exil, et à tous, nous disons à bientôt avec plaisir.à bientôt donc.

Anne et Joël.

 

12-Juin-2002 : Eprouvante transat d'Equinandra.

Famille, Amis,

Il est temps, en ce Mercredi, que nous vous donnions quelques nouvelles, de crainte que ne germe chez certains d'entre-vous le doute de notre arrivée à Flores. Nous y sommes bien arrivés Dimanche dernier matin 9 Juin vers 11h00, heure locale, après avoir quitté Les Bermudes le Dimanche 26 Mai vers 13h00, heure locale .

Nous avons mis presque 14 jours, à une vitesse moyenne de 5,8 noeuds. Mais nous ne cacherons pas que cette transat, comparée à la première pourtant plus longue, a été très éprouvante pour l'équipage et surtout pour sa vétérante, qui s'est vite sentie aussi fatiguée que le lendemain d'un accouchement. Evidemment, ce sont les conditions de navigation qui ont orienté cette tendance, ainsi que les incontournables défaillances techniques, auxquelles Equinandra est abonné ! L'absence de pilote a fait d'Arnaud et David des barreurs émérites, 6 heures par jour. Après leurs quarts, ils enchainaient la préparation de crêpes, pour soutenir le moral et le ventre de l'équipage. Nous en avons mangé presque tous les jours.

Entre le 31 Mai, jour des deux ans de Hugo, et le 5 Juin, nous nous sommes débattus dans le gros temps, au près bon plein. Pendant 5 jours le vent a refusé de mollir en dessous de 35 noeuds et était généralement établi à 45 noeuds avec des rafales à 50. La mer était forte à très forte (5 à 7 mètres). On s'est surpris à espérer qu'elle ne grossirait pas davantage ! Même si barrer dans la fureur des éléments qui se déchaînent offre un spectacle saisissant de beauté sauvage, même si coupé du monde on a l'impression d'être pourtant au coeur d'une nature primordiale, même si le temps est comme suspendu par cette féerie redoutable, on souhaite pourtant qu'à un moment donné, la nature retrouve son calme et fasse la paix avec nous ! Evidemment, il faut s'organiser contre les attaques de la mer. Le bateau était humide plus plus et les serviettes éponges sur le plancher avaient pour fonction d'éviter les glissades meurtrières. Les dorades ou aérateurs d'air "très fonctionnels" ont administré à tout l'équipage de sérieuses douches, tant et si bien qu'il a fallu tous les boucher !

On a eu si froid après les tropiques, que nous nous sommes presque tous enrhumés, même Hugo. Il a fallu se soigner pour rester vaillant et efficace. Heureusement que personne dans notre famille n'a le mal de mer, pour ajouter au charme d'une croisière de "plaisance" comme celle-là, qui n'aura vraiment pas été une petite promenade de santé !

Au cours de la transat, l'hydraulique et son problème de fuite, impossible à résoudre aux Bermudes, s'est aggravé. On a rapidement muni le bateau de sa barre franche pour permettre à Joël de redémonter la pompe hydraulique et tenter d'améliorer les choses. La barre franche dans le gros temps ne s'avère pas vraiment maniable. On imaginait mal "se mettre en fuite" dans une mer qui aurait davantage grossi, avec elle seule pour "driver" le bateau. Les colmatages de Joël sur l'hydraulique ne duraient pas longtemps, mais ralentissaient la fuite pendant un moment et nous donnaient donc un peu de répit. A 500 miles de Flores, la pompe hydraulique est devenue inutilisable et nous ne pouvions plus compter que sur la barre de secours. Neptune, clément, décida alors de faire cesser le gros temps pour faciliter notre progression. La famille s'est écriée : "ouf, Dieu existe ! ".

On vous passe les broutilles du genre, la panne du GPS portable qui nous sert de répétiteur dans le cokpit, la drisse de grand-voile qui casse en haut de mât, obligeant Joël à faire la danseuse sur le mât et autres banales contrariétés qui sont le lot des coureurs de mer. Quel plaisir, en tout cas, que cette mer qui s'apaise, après le tumulte d'une mer très forte. La mer se dégonfle de ses grosses et lourdes vagues, pour ne plus offrir que le spectacle d'un clapot encore agité des impétuosités passées. On ne se repose pas encore, mais le corps est soumis à moins rude épreuve et n'augmente pas ses tensions.

Flores est un village, où la population est très accueillante comme nulle part ailleurs. Il fait bon sentir cette châleur humaine des portuguais, qui nous saluent systématiquement lorsqu'ils nous croisent. Le tourisme en voie de développement anime leur village et ils perçoivent leurs visiteurs marins avec bienveillance. Les pêcheurs nous offrent des poissons (congres) et vont jusqu'à les cuisiner eux-même avant de nous les apporter, fumants, pour une consommation immédiate ! Laverie gratuite, Internet gratuit ! Du jamais vu par le monde, disent des tour-mondistes au mouillage !

Flores, c'est aussi les retrouvailles d'un grand nombre de bateaux, avec lesquels les relations sont plus conviviales que jamais. Manga Sambo nous a fait la grande surprise d'arriver prestement de Saint-Martin, après seulement 16 jours de mer ! Une transat raisonnablement ventée, bien équilibrée, et rondement menée par Olivier et Nathalie, sur leur 0céanis, les amène en pleine forme ! D'ici quelques temps, nous vous ferons part de notre découverte des Açores....

à bientôt donc. Anne et Joël.

 

28-Mai-2002 : Les Bermudes suite.

Famille, Amis,

Notre escale technique aux Bermudes a donné peu de solutions aux problèmes que nous avions. Les joints hydrauliques ne sont pas trouvables aux Bermudes. Nous nous sommes contentés d'un démontage, nettoyage, remontage, stoïquement réalisé par Joël, ce qui réduit déjà les fuites. Concernant le pilote, le seul électronicien du coin a déménagé il y a trois mois. Là, il n'y a pas d'échappatoire, nous ne pouvons que barrer pendant la transat nuit et jour ! Hugh ! Cette perspective a cassé le moral d'Anne pendant quelques jours et l'a surtout rendue de mauvaise humeur. Ceux qui la connaissent bien savent comme elle devient alors agréable à vivre ! Mais enfin, peu à peu chacun s'est psychologiquement préparé à enchainer les quarts de navigation et les quarts d'Hugo ( car ce bambin de deux ans maintenant, aussi charmant qu'il soit, mobilise l'énergie de tout l'équipage pendant la journée ).

Nous avons quitté les Bermudes le Dimanche 26 Mai vers 13 heures. Nous devrions arriver à Flores dans environ 18 jours, tout dépend du vent ! Pour le moment, nous avançons tout doux à 3,5 noeuds de moyenne, car le vent est léger de chez léger. Arnaud et David ont déjà pêché une belle dorade coryphène, d'abord mangée à la tahitienne ( poisson cru macéré dans le jus de citron ) et puis garnissant une pizza. Les garçons veulent faire savoir, qu'entre Saint-Martin et Les Bermudes, ils avaient pêché un espadon de 1m 50, cuisiné en darnes, au curry et en soupe. Il est vrai, que la pêche des enfants fait bon usage, souvent 2 à 3 repas.

Notre escale aux Bermudes a été pluvieuse. Le bateau n'avait pas été aussi humide depuis longtemps. Le linge étendu dehors sur les filières a dû être lavé une seconde fois, tant son séchage a été compromis. Des éclaircies ont tout de même permis l'investigation des îles des Bermudes jusqu'à Hamilton. Des bras de mer pénètrent de toutes parts ces îles plates et peu larges. Beaucoup de bateaux sont mouillés devant la maison de leurs propriétaires. La végétation est plutôt luxuriante. La mer est beaucoup moins chaude qu'aux Antilles ( 20° degrés au lieu de 27° ). Sur la côte Nord, on trouve des rochers, alors que sur la côte Sud des plages roses et blanches. L'habitat est dense, mais pas anarchique. Des espace-verts bien implantés garantissent une qualité de vie et d'environnement. L'ambiance générale est plus anglaise qu'américaine, même si les américains sont nombreux à débarquer des paquebots. Le dollar bermudien a le même cours que le dollar US. La vie est chère aux Bermudes. Il semble qu'il n'y ait pas trop de place pour les pauvres !

La ville d'Hamilton est une jolie ville, à taille très humaine. Sa propreté est exemplaire. Quand nous nous y sommes rendus, le 24 Mai Jour de l' Indépendance, il y avait une parade de Carnaval, très structurée, nettement moins débridée qu'à Trinidad, mais très sympa quand même. A la fin de la parade, les rues se ressentaient à peine de la fête fraîchement terminée...elles étaient pour ainsi dire propres, tant la population est éduquée à déposer ses déchets aux endroits prévus à cet effet. La population est accueillante, ce qui ne gâche rien.Bref, ces îles presque insolitement sorties de l'océan, aux paysages paradisiaques verts sur fond bleu, sont un hâvre de paix.

Sur le mouillage de Saint-Georges, nous avons re-croisé la route de Risorius et de Tomahawk. Xavier attend sa bergère pour filer sur Les Açores. Benoit et sa petite famille tracent sur New York. Certaines routes marines se séparent définitivement, mais d'ultérieurs rendez-vous terrestres seront toujours possibles. Merci à Philippe pour ses coussins, dont nous apprécions le confort dans le cokpit pendant cette transat.

Au départ de notre périple vers Les Açores, nous avons revu des globicéphales en bande. Les dauphins et un cachalot avaient déjà croisé notre route entre Saint-Martin et Les Bermudes. Nous savons qu'aux Açores, nous pourrons voir couramment des baleines et presqu'à portée de main ! Nous en sommes impatients, car ces mammifères sont très impressionnants et il se dégage d'eux une force tranquille, qui en impose ! Nous sommes contents de savoir que Malamok est arrivé à bon port et en un temps record. Les guerriers malamokois ont bien mérité leur repos à Flores ! Bonne suite à eux . Bonne suite également à l'équipage de Manga Sambo, qui est re-parti pour la transat le 25 Mai, jour de l'anniversaire de Joël ! Notre pensée accompagne aussi l'équipage de Nuance, en souci avec son tirant d'eau aux Bahamas et en route pour New York.

A tous, à bientôt pour d'autres nouvelles. Anne et Joël.

 

21-Mai-2002 (email) : Escale aux Bermudes.

Amis, Famille,

Des nouvelles avec un programme un peu modifié !

Nous avons finalement quitté l'île de Saint- Martin le Dimanche 12 Mai, au lieu du 11, après s'être attardés sur le mouillage de l'îlet Tintamarre. Nous sommes partis dans une mer formée avec du vent au près, et le bateau tapant pas mal dans les vagues. C'était inconfortable. L'amarrinage était rendu plus difficile dans ces conditions et nous étions donc un peu "vaseux". Différents problèmes vont alors se poser, nous incitants à décider de faire route sur Les Bermudes, que nous allions (sûrement à tort) laisser de côté pour faire route "directe" sur Les Açores. Au lieu de faire du Nord-Est, nous faisons du Nord pour rejoindre Saint-George's Harbour. L'allure devient plus agréable, car on est au portant.

Parmi les soucis posés, nous comptabilisons, par-exemple, deux fuites d'huile sur l'hydraulique ! Or, pour une transat, on préfère généralement ne pas avoir une barre trop capricieuse, voire défaillante ! Il n'en est pas moins vrai, que nous avons bien sûr une barre franche de secours, de surcroît, facile à installer, mais qui poserait tout de même de sérieuses questions d' inconfort au barreur. Enfin, pour autre exemple de soucis, le pilote est en panne ! Ces deux raisons nous suffisent déjà pour vouloir rallier Les Bermudes pour une sacrô-sainte escale technique ! Nous vous passons le détail de tous les soucis, qui existent toujours sur un bateau, malgré un entretien régulier.

La notion d'équipage s'est vite trouvée renforcée par les difficultés. Arnaud et David ont dû barrer, car entre les quarts de navigation et les quarts d' Hugo, les parents se fatiguaient trop. Ils en ont profité pour mettre le cned aux oubliettes ! Nous avons mis sept jours pour rejoindre Les Bermudes, en jouant du moteur quand nécessaire (moments de pétole), arrivant donc le 19 Mai. 860 000 miles déjà parcourus, ensuite 1700 000 miles ( le double environ ) resteront à parcourir sur une quinzaine de jours pour rejoindre Les Açores.

Finalement, l'escale ponctue la transat, la rendant plus légère. L'option de navigation vers Les Bermudes pour le retour nous semble bonne. Plein de navigateurs sont encalminés au milieu de l'Atlantique, n'ayant pas fait une route assez Nord. Nous monterons encore pour chercher les courants et vents favorables. Mais en attendant, il nous faut régler ce qui doit l'être.

Nous encourageons vivement l'équipage de Manga Sambo, qui a connu aussi des problèmes en début de transat, l'obligeant à rebrousser chemin sur Saint-Martin. Nous avons une pensée pour Malamok, qui doit être sur le point de terminer sa transat, si ce n'est fait, et nous leur souhaitons une heureuse découverte du bel archipel des Açores.

Nous pensons reprendre la route vers le 24-25 Mai. Arrivée probable aux alentours du 10 Juin à Flores. A plus tard, pour d'autres nouvelles.

Anne et Joël.

 

10-Mai-2002 (email) : 2éme transat

Famille, Amis,

Nous voici prêts à aborder cette deuxième transat, qui signe notre retour prochain. Arnaud et David se sont courageusement acquittés de la série 10 du cned, sans mollir. Hugo a accepté bravement aussi un rappel de vaccin. Joël a préparé minutieusement le bateau sur le plan technique pour les 2086 miles, qui nous attendent. Anne a pourvu à remplir le bateau des denrées nécessaires à la survie de l'équipage pendant 4 semaines.

Avant de faire route, nous avons décidé de nous arrêter sur un dernier mouillage à l'îlet Pinel, histoire de vivre quelques merveilleuses dernières baignades de ce côté de l'Atlantique. Nous lèverons l'ancre pour la Grande Bleue le Samedi 11 Mai. Il faut prévoir 21 à 25 jours de traversée. Bien sûr, le voyage n'est pas terminé, car la transat en est un morceau de choix, que nous saurons apprécier dans sa globalité et diversité. Enfin, les Açores nous attendent encore et nous y passerons un mois, avant de rejoindre la Bretagne.

Notre retour à Saint-Valéry en Caux est envisagé pour le Dimanche 4 Août. Merci encore à tous ceux, qui ont adressé un message de soutien à Joël pour la disparition de son papa. Pensée affectueuse à l'adresse de nos amis de Nouvelle-Calédonie, qui quittent bientôt Lifou après quatre années passées là-bas. Nos sincères encouragements à Pierre, Annie, et Isabelle.

Pendant la transat, nous ne pourrons consulter vos mails sur "voila", mais nous le ferons dès notre arrivée aux Açores vers le 4 Juin. Pour toute information urgente, nous rappelons que notre boite email "Inmarsat" reste valide. Nous la consulterons donc une fois par semaine au cours de la traversée, le Dimanche, aux heures de la permanence téléphonique.

Nous sommes sereins, à l'aube de ce nouveau périple océanique, de retrouver bientôt l'ivresse de l'espace et du vent, le goût salé des embruns, les couchants rougissants, les nuits argentées, la palpitation de la mer.

Anne, Joël, Arnaud, David, Hugo FOLLET.

 

01-Mai-2002 (email) : d' Antigua à St-Barthélémy

Famille, Amis,

Dans le prolongement de notre dernier mail, à Antigua, nous avons encore découvert "Deep Bay" au mouillage bien abrité, qui de bondé l'après-midi par une foule de bateaux "Oyster" en régate est soudainement devenu désert au petit matin du lendemain. Baignades, exploration sous-marine de l'épave à l'entrée de la baie, visite du fort qui surplombe la baie, et nouveaux adieux à Manga Sambo partant pour Montserrat, dont la Soufrière en éruption a obligé la population à se réfugier dans le Nord de l'île.

Pour notre part, la disparition du père de Joël affecte notre énergie et nous ressentons plus fort le besoin, qui déjà se faisait sentir, de ralentir le rythme de notre course vers les îles. Il nous faut retrouver un nouveau souffle dans l'intimité familiale, accepter cette nouvelle perte qui perturbe notre intrégrité individuelle et familiale. Merci à ceux et à celles, qui n'ont pas manqué de nous adresser des messages d'amitié en écho à cet évènement.

Saint-Johns, capitale d'Antigua, est un port de commerce où les plaisanciers ne se sentent guère à leur place. Nous y faisons juste les formalités de sortie. Les premiers abords du port offrent une devanture de magasins touristiques de luxe, aux produits détaxés. Dans les rues, qui s'enfouissent dans la ville, on découvre une pauvreté assez importante, avec son cortège de mendiants. Cette vision tranche radicalement avec celle d'English Harbour au Sud de l' île, qui offrait une image très "clean" et plutôt riche de l' île. Il y a donc là un fort contraste, qui traduit des disparités sociales. A Saint-Johns, les locaux administratifs sont d'une rare vétusté. Le relief de l'île a l'air peu accentué, son pourtour est tapissé de nombreuses criques et baies de sable blanc, que nous ne prendrons pas le temps de découvrir toutes.

Ici, nous prenons connaissance des résultats du premier tour des élections présidentielles en France. Comme beaucoup de citoyens, nous restons ahuris! Pourvu que soient toujours préservées la Liberté, l' Egalité, la Fraternité, ces valeurs nationales auxquelles chacun peut être fier d'aspirer dans un souci d'équité, qui seul confère à notre société son visage humain !

Nous décidons de ne pas faire route sur Névis et Saint-Kitts, comme nous l'avions pourtant d'abord envisagé. Nous cherchons à rassembler nos forces et nous sommes aussi décidés à ce qu'Arnaud et David terminent leurs séries 9 et 10 du Cned, avant le départ pour la transat retour. Les déplacements et escales incessantes troublent la régularité de leur travail.

Nous nous dirigeons donc vers Saint-Barth ( île française) pour une première halte rapide à Gustavia, où nous nous empressons de faire le plein de produits frais, pour nous rendre finalement sur le mouillage du Colombier, qui est un hâvre de paix, où nous trouvons la tranquillité recherchée. Le plan d'eau bleu turquoise se niche entre les flancs d'une colline verdoyante.

Arnaud et David bûchent leurs séries. Des intermèdes passés à plonger au milieu des tortues et des raies nombreuses sur le mouillage entrecoupent les séances de travail. Hugo détruit avec véhémence ses pâtés de sable blanc. Il continue de manger du sable sans marquer aucune gêne et s'aventure davantage en milieu aquatique. Les quelques tasses qu'il boit ne le découragent pas.

La côte de l'île est très découpée et offre des paysages sublimes sur ses hauteurs. Ce sont de véritables précipices sur la mer sauvage et bouillonnante en contrebas des rochers. Derrière l'écume blanche, une eau turquoise cède le pas, plus au large, à une eau d'un bleu marine intense et profond. Merveilleux couchers de soleil dans cette baie, où quand le soleil disparaît le ciel semble prendre feu. Cette île, à laquelle Christophe Colomb donna le nom de son frère, a la particularité de n'avoir jamais eu d'esclaves. La population actuelle est donc constituée exclusivement des descendants de colons normands et bretons, situation unique aux Antilles où la population est en majorité noire. Le tourisme prime ici, avec ses boutiques de luxe aux produits détaxés. Pour notre part, nous fuyons tous les lieux de dépenses ! Un peu plus loin de la civilisation, c'est donc un petit paradis de baies et de criques, à l'aspect sauvage qui nous font un peu penser aux Côtes d'Armor, sauf qu'ici le soleil cède peu sa place à la pluie et que les eaux sont invariablement turquoises et à même température que l'air ambiant. 27° pour le moment. Les plongées révèlent des jardins de corail, un peu moins beaux qu'ailleurs, mais la diversité des vertébrés, dont les plus communs sont les poissons, est toujours présente : poissson-lézard, poisson-soldat, poisson-trompette, poisson-hamlet, poisson-papillon, poisson-ange etc.....

Bientôt pourtant, il va falloir nous résoudre à quitter cet endroit en prise avec une nature si généreuse et hospitalière, pour préparer notre transat retour. La prochaine escale, dans cet objectif, est l'île de Saint-Martin (île française). Nous vous avertirons du jour de notre départ pour cette ultime traversée.

A bientôt pour d'autres nouvelles.

Anne et Joël.

 

22-Avril-2002 (email) :

Nos derniers moments en Guadeloupe ont été partagés avec Philémon et Jean-Baptiste, amis métropolitains chers au coeur de David et d'Arnaud.

Avec eux, nous avons pris le chemin de l'île de Marie-Galante, pour un premier mouillage de rêve aux abords de l'îlet du Vieux Fort dans la baie des Irois. Eau turquoise et cristalline, plage accueillante et désertée à l'approche du soir qui tombe, permettant aux quatre " robinsons " en herbe de s'offrir un feu de camp et dîner, loin des " parents ". Peu de bateaux nous rejoindront sur ce mouillage tranquille.

Après une seconde escale à Saint-Louis et une excursion en bus à Grand-Bourg, force est de constater que Marie-Galante est comme une grosse galette, aux paysages agricoles qui rappellent un peu La Normandie, exclusion faite des cocotiers et des bananiers. Les champs de canne à sucre sont à profusion, et ressemblent, ma foi, un peu à nos champs de maïs. La population locale est très aimable. Le tourisme ne sévit pas ici comme ailleurs, sans doute parce que la navigation jusqu'à l'île exige le plus souvent de longs bords de près serré, dans une mer qui brasse. Bravo d'ailleurs à nos deux novices, qui ont bien supporté cette navigation peu confortable, malgré leur fatigue liée au décalage horaire qui était pourtant susceptible de les fragiliser.

A Grand-Bourg, la barrière de corail est battue au vent et par la houle. Elle se dresse menaçante et majestueuse. Au loin on aperçoit La Dominique, Les Saintes. C'est donc vers Les Saintes, que nous avons décidé d'emmener ensuite nos invités, pour découvrir cinq ou six îles dont deux seulement sont habitées.

La baie de Pompière sur l'île de Terre-De-Haut offre un mouillage surréaliste. L'entrée est étroite et un peu sinueuse entre les récifs. Mais une fois Equinandra mouillé entre Roches Percées et Grosse Pointe, c'est comme si nous étions dans une crique derrière une porte entrebaillée sur la mer. Dans cette enclave fermée, l'eau est chaude et regorge de poissons à observer dans les massifs coralliens avoisinnants. La plage est beaucoup fréquentée la journée. C'est l'une des plus agréables de l'île parce qu'elle est très ombragée. Le soir venu, il n'y plus que nous et pas même un autre bateau pour nous tenir compagnie. Il est parfois difficile de se résoudre à quitter de tels lieux.

Nous avons rejoint l'incontournable Pain de Sucre (monument géologique) et l'Anse du Bourg, pour permettre aux enfants de découvrir Le Fort Napoléon, qui offre des vues panoramiques sur Marie-Galante, La Dominique, Les Saintes ( Terre-De-Bas ), et La Basse-Terre avec sa Soufrière. Cette baie est classée comme l'une des plus belles du monde ( la troisième ) par l' Unesco. Les iguanes pullulent autour du fort et des chèvres également, bien peu farouches. La leçon d'histoire servie par une guide charmante n'a guère intéressé nos collégiens !

L'îlet à Cabrit a été notre dernier mouillage. Très venté, les bateaux tournaient de façon anarchique et rendaient l'évitage compliqué, tant et si bien que nous avons porté une amarre à terre pour cesser de danser toute la nuit dans l'insécurité autour de notre ancre.

Le séjour de nos petits invités s'achevant bientôt, il a fallu envisager leur rapatriement sur l'aéroport de Pointe-à-Pitre. En raison des conditions de navigation s'annonçant difficiles, nous avons choisi de remonter la côte sous le vent jusqu'à l'anse Deshaies et de reconduire Philémon et Jean-Baptiste à l'aéroport en voiture. Ils en ont profité encore pour visiter un musée du rhum et les chutes grandioses du Carbet avec ses sources d'eau chaude. La corvée de vaisselle, imposée tous les quatre jours à nos invités par l'équipière de choc intraitable, aura peut-être été un désagrément pour eux, mais un équipage digne de ce nom ne peut y déroger !

Depuis leur départ, nous avons rejoint l' île d'Antigua et notamment " English Harbour ", où de nombreux équipages se connaissant se sont retrouvés..... Malamok, Manga Sambo, Majulio, Willy... Nous sommes tous sur le chemin du retour au bercail ! Pendant ce temps de nouveaux équipages, eux aussi candidats à une année sabbatique, se préparent d'arrache-pied. Nous pensons particulièrement à Jean-Yves et Odile avec leur quatre enfants. Quelque-part, nous les envions presque ...quoique le plaisir affleure, de retrouver bientôt les personnes qui nous manquent.

Nous avons quitté la flottille en compagnie de Manga Sambo, qui découvre à son tour quelques soucis de moteur ! Le mouillage de Five Islands sous le vent est désert. La plage également. Hugo étrenne ses premiers pâtés de sable. L'approche des côtes d'Antigua laisse apparaître une végétation assez dense d'un vert "anglais" dans la couleur dominante ( rien de surprenant !). Le relief est harmonieux. Les criques et les baies forment des abris naturels, mais des barrières de corail et hauts-fonds réclament une navigation assez prudente.

Depuis quelques jours, nous avons appris que Joël a perdu son papa. Cette disparition n'était pas annoncée et c'est un choc. Le décès a eu lieu le 10 Avril. Il nous a fallu un peu de temps pour "concrétiser", que les enfants ne verraient plus leur grand-père, ni Joël son père. Lorsqu'on s'engage dans ce type de voyage, on pense bien que cela pourrait arriver, mais on met aussi cela bien à distance de soi, comme si on était d'abord attentif à jouir de l'unité des choses dans ce choix de vivre pendant un moment différemment. Le père de Joël a souhaité que ses cendres soient jetées à la mer. Cette cérémonie d'adieu aura lieu lors de notre retour à Lorient mi-juillet. Pour l'instant, il faut que le temps écluse la tristesse et le vide qui ont envahi petit à petit Joël.

Nous pensons très fort à notre amie Josianne, pour qu'elle trouve la force de se battre. Anne et Joël.Equinandra.