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La Barbade - Trinidad Tobago.

 
07-Fev-2002 (email) :

 

 

Famille, Amis,

Tout d'abord, espérons que vous n'aurez pas été infecté par deux "saloperies" de virus, l'un qui capture des fichiers doc de Word et l'autre qui passe par le courrier électronique et capture les adresses, envoyant des mails en notre nom.
Si vous avez reçu des messages incohérents de notre part, vous pourriez bien être touchés par le problème. Si vous avez un anti-virus, pas de souci, tout va bien. Pour notre part, c'est le désordre dans l'ordi. Nous espérons que notre communication avec vous tous n'en sera pas affectée ultérieurement. A suivre.

Maintenant, parlons de choses plus agréables. La transat aura duré 19 jours entre le 16 Décembre 2001 où nous avons quitté le Cap-Vert et notre arrivée à La Barbade le 4 Janvier 2002. Elle s'est fort bien déroulée en dépit de conditions météo parfois un peu déroutantes ( des alizés pas vraiment établis, de la pétole, du vent dans le nez, du près, des alizés musclés enfin mais dans une mer forte ).

Nous ne sommes guère restés à La Barbade, bien que ses eaux turquoises bordées de plages de sable fin et blanc fussent très accueillantes. Mais l'atmophère d'une ville assez "américanisée" n'était pas ce que nous recherchions, surtout après la transat, où l'on est grisé par la rencontre avec les éléments naturels.
Nous avons quitté Bridgetown le 9 Janvier en direction de Scarborough sur l' île de Tobago, notre intention étant de faire le tour de l' île, d'un mouillage à l'autre. Nous ferons également l'exploration de l'île en voiture de location pour avoir une vision plus globale. Cela permettra la découverte des moutons de Tobago, qui ressemblent à des chèvres. L'espèce locale est beaucoup plus athlétique que dans nos campagnes françaises et d'ailleurs des courses de moutons sont traditionnellement organisées.

La ville de Scarborough nous est apparue plus hospitalière, car à échelle plus humaine, avec une diversité de petites échoppes de chaque côté d'une grande rue principale, image rappelant un peu l'idée qu'on se fait du village de fin fond du Far West avec ses habitations et commerces répartis autour d'une unique route. Retrouver un marché avec ses produits frais nous a grandement enchanté.

Nous avons navigué de concert avec les équipages de Malamok et Manga Sambo retrouvés à La Barbade. C'est un grand plaisir pour les onze enfants des trois bateaux de pouvoir échanger, jouer ensemble, sortir un peu du cercle familial.

Les adultes aussi sont contents de pouvoir partager leur expérience familiale de la transat. C'est un huit-clos dans lequel la confrontation avec soi-même et avec les autres est intense. L' harmonie et la dysharmonie parfois des relations se côtoient dans une certaine dualité, exigeant une certaine souplesse de l'humeur et du caractère, un travail sur soi. Il est difficile de faire semblant pendant 19 jours, de bluffer son entourage et de se mentir à soi-même. Il n'y a pas d'échappatoire dans un espace clos comme le bateau. Nous savions cela avant de partir, en faire l'expérience est nettement plus édifiant. Cela fait aussi partie de ce que nous cherchions. Au mi-temps de notre vie, l'on est naturellement à l' heure des bilans et et pourquoi pas au plan familial ? N'ayons peur de rien, sinon du mensonge. Ainsi si l'on peut avoir la satisfaction d'avoir atteint un objectif à travers la transat aboutie, il est certain qu'il ne s'agît pas uniquement de la performance réalisée, mais plus certainement d'avoir appris à se connaître et à nous connaître encore davantage pour continuer peut-être de mieux vivre ensemble.

Maintenant les Antilles restent à courir et il nous faut comme retrouver un nouveau souffle pour aborder cette nouvelle étape du voyage. Avec certains équipages, il est possible de partager cette aventure humaine, qui dépasse la seule frénésie voyageuse, qui n'est pas en fait la motivation principale.

Voyage initiatique ? Peut-être ? Tous les chemins mènent à soi-même, sans être les mêmes pour tous. Certains nous y conduisent plus facilement que d'autres.

Mais reprenons là, le récit de nos pérégrinations légères et ensoleillées. Quittant Scarborough, nous avons navigué jusqu'à Store Bay, où nous avons rencontré nos premiers pélicans en bandes et vu souvent des frégates. Les cocotiers nombreux permettent d'improviser des goûters de noix de coco, ramassées sur les abords de la plage. Arnaud est le pourfendeur en chef des noix de coco et régale ainsi toute la colonie d'enfants et d'adultes pas moins gourmands.

Ici le climat est vraiment tropical. Il fait chaud, presque trop. Les averses tropicales heureusement nous rafraîchissent un peu. Soleil, chaleur, averses, c'est là tout ce qui est nécessaire à une végétation très dense et verte, qui s'offre donc à nos yeux. Après certains paysages désertiques des Canaries et du Cap-Vert, cela nous rassénère de contempler la luxuriance de la végétation tropicale. En bon normands que nous sommes, nous restons amoureux de verdure. Après Store Bay, nous avons enchainé sur le mouillage de Castara Bay, où Manga Sambo nous a quittés pour remonter vers Les Grenadines avant de rejoindre La Martinique. Ce mouillage a paru idyllique aux trois bateaux encore réunis. Les rouleaux déferlant sur la plage faisaient de l'accostage en annexe une aventure à chaque fois renouvelée.

L'annexe d' Equinandra a fait le plongeon avec tout son petit monde, sans bobos pour personne. Le matériel n'a pas souffert non plus, puisque le moteur de l'annexe étant en panne, il n'était donc pas fixé sur la frêle embarcation.
L'aspect séduisant du mouillage était son cadre plus sauvage que les précédents mouillages. Mais c'est à Englishman Bay, que ce summum sera atteint.
Les enfants des équipages de Malamok et d'Equinandra construiront même une cahutte en bambous sur la plage, se prenant de plus en plus pour des vrais "Robinson".
Là encore, l'abordage de la plage ne sera pas aisé, quoique petit à petit on acquière une certaine technique. Ce mouillage moins fréquenté et encore moins marqué par la civilisation des hommes nous a enchantés. Les fonds sous-marins de la baie nous ont laissé découvrir des plantes aquatiques et coraux impressionnants pour les néophytes que nous sommes, voire inquiétants. On se demande par-exemple si certains filaments ne sont pas urticants. Certains contacts gluants répugnent. C'est incontestablement un univers à apprivoiser.

A Charlotteville, où les bateaux affluent davantage et où l'on retourne un peu à la civilisation ( néanmoins pas de banques, pas de distributeurs de carte bleue ), nous sommes tombés sur jour de carnaval. A l'échelle d'un tel village, ce fut un moment très convivial avec la population que nos enfants ont beaucoup apprécié, dans la liberté totale qu'ils avaient d'aller et venir à leur guise au milieu d'une foule peu dense. Ils savaient qu'à Trinidad, il n'en serait pas ainsi, car le Carnaval est surdimensionné et les précautions de circulation doivent être rigoureuses. De Charlotteville, nous sommes retournés à Store Bay pour faire route sur l' île de Trinidad, accompagné d'un nouveau bateau de rencontre " Nuance". Arnaud s'est enfin trouvé un copain de son âge sur ce bateau, qui de surcroît se prénomme aussi Arnaud. Il est drôle de constater combien ces deux " Arnaud" se ressemblent ! Ils s'entendent donc fort bien et ne veulent plus se quitter. De ce fait, nous avons découvert avec " Nuance" le mouillage de Maracas au Nord de l' île de Trinidad, où se trouve un spot de surf. Et ils surfèrent, surfèrent jusqu'à l'épuisement de leurs forces. Sur le chemin entre la plage et le mouillage, nous pouvions voir tournoyer de nombreux vautours et sentir l'odeur de la charogne.

Dans l'approche de Port of Spain, où se tient le Carnaval de Trinidad, nous avons encore fait un mouillage à Scotland Bay. Très à l'abri du vent, perdu au milieu d'une végétation épaisse qui laisse à peine pénétrer le regard, et empli au petit matin de cris de singes-hurleurs, ce mouillage est en eaux très calmes. Le bateau ne tangue plus de part et d'autre, et fait silence tant et tant, que l'on dort comme rarement sur nos deux oreilles et des deux yeux ! C'est un grand plaisir encore d'explorer les fonds marins.
Nous sommes pilotés par Karine, la sirène de "Nuance" et aussi maman d'Arnaud. ! Raies, pieuvres, poissons-coffres, poissons-anges, murènes, gobies néons, grondins volants que nous découvrons, étonnés comme des nouveaux-nés. Nous voici maintenant arrivés à Port of Spain, aux portes du Carnaval sur le mouillage de Chagaramas. Cette escale sera aussi une escale technique : réparation du moteur de l'annexe (ce sont toujours les moteurs qui empoisonnent notre existence !), entretien courant du bateau, plein d'eau et de nourriture pour au moins deux mois.

Nous n' irons pas plus au Sud et au plus près de l'équateur qu' à Trinidad, ensuite nous amorcerons la remontée de l'arc antillais par Grenade, puis Carriacou et rejoindrons Sainte-Lucie pour retrouver nos amis Nathalie et Olivier, avant de refaire route sur Les Grenadines.

Nous rappelons à tous nos amis, que nous ne pouvons pas répondre aussi souvent que nous le voudrions à leurs mails, qui nous font tant plaisir, en raison d'un temps de connexion qui nous coûte 20 francs la minute. En contrepartie, nous transmettons un mail collectif et le site j.lebleu nous offre une part non négligeable sur son site, que vous pouvez consulter.

Néanmoins, nous nous inquiétons de n'avoir aucune nouvelle de nos amis Pascale et Bertrand, avec lesquels nous avions établi un contact en Décembre curieusement resté sans retour. Merci à eux de se manifester même brièvement. Merci à tous ceux, qui nous ont adressé leurs bons voeux. Que 2002 soit pleine d'allégresse à tous.

Pour info, un quatrième numéro du journal "Equinandra" est en préparation pour le plaisir de nos lecteurs et le nôtre. A bientôt pour d'autres nouvelles.

La famille FOLLET

 

 

 

 

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